Contre les rejets toxiques en mer (ex-boues rouges), que faire ?

La production d’alumine, sur le site de Gardanne, a conduit depuis 50 ans à déverser en mer au cœur du Parc National des Calanques, des millions de tonnes de boues rouges, composées de résidus de la bauxite et d’effluents liquides issus du procédé industriel. Ces rejets très chargés en matière en suspension et éléments métalliques ont engendré une pollution durable du milieu, notamment marin. La conséquence évidente est l’absence de vie aquatique dans un vaste secteur pollué, dont le canyon de Cassidaigne.

Or, le Préfet de région a signé le 28 décembre 2015, un arrêté autorisant la société ALTEO à poursuivre son exploitation pour une durée de 6 ans, en toute ignorance des normes imposées par la Convention de Barcelone.

Souvenons-nous, 2015 année de l’écologie, COP 21, les représentants de 195 pays au chevet de la planète, présents en France durant 2 semaines pour prendre de grandes décisions !!

USINE ALTEO

Usine ALTEO de Gardanne

Depuis le 1er janvier 2016, il n’y a plus de boues rouges en mer. L’effluent chargé de boues rouges est filtré mais contient toujours beaucoup de polluants.

Il reste après séchage une poudre rouge, la bauxaline et un effluent liquide :

http://www.alteo-alumina.com/fr/business/product_line/bauxaline%C2%AE

L’effluent liquide toxique chargé en métaux lourds, rejeté en Méditerranée, précipiterait* au contact de l’eau de mer en une boue blanche (hydroxydes d’aluminium).
* réaction chimique durant laquelle le mélange de 2 solutions aqueuses forme un produit très peu soluble appelé précipité.

Aujourd’hui, demeurent deux problèmes environnementaux :

1- Le stockage de la bauxaline (boues rouges sèches sous forme pulvérulente).

Le stockage à ciel ouvert provoque des nuisances : envol de poussières, lixiviats *, radioactivité.
* liquide résiduel qui provient du passage de l’eau à travers un matériau.

Une partie de cette bauxaline est cependant valorisée, recyclée si bien qu’elle participe à de l’économie circulaire.

http://www.actu-environnement.com/ae/news/boues-rouges-gardanne-alteo-recyclage-bauxaline-23464.php4

http://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes/bouches-du-rhone/selon-une-etude-independante-les-boues-rouges-de-gardanne-seraient-bien-toxiques-610952.html

2- Le rejet de l’effluent liquide en mer chargé en métaux lourds

Bien que les concentrations en aluminium, chrome, arsenic, soient hors normes, la Préfecture autorise leur rejet pour une période de six ans, à charge pour ALTEO de mettre à profit ce délai pour mettre en service les traitements afin de réduire ces métaux lourds.

Les solutions techniques existent mais elles ont un coût que l’exploitant n’a pas voulu jusqu’alors assumer en pratiquant le chantage à l’emploi.

Et maintenant que faire ?

1. Laisser se mettre en œuvre l’arrêté préfectoral de décembre 2015 sans réagir.

Il donne six ans à ALTEO pour se mettre en conformité afin de rejeter un effluent conforme à la législation.
Il préserve les emplois.

Mais que de temps perdu. Il y a de quoi être en colère contre ALTEO mais aussi contre les autorités qui se réveillent trop tard, qui n’ont pas mis en place depuis 1996 de planning de suivi de leur permis à polluer. 

2. Revendiquer la fermeture de l’usine ALTEO conformément à l’arrêté préfectoral de 1996 qui interdisait en 2016 tout rejet en mer.

Une fermeture reviendrait à faire fabriquer ailleurs l’alumine dont nous avons besoin alors que la mondialisation a détruit une partie de notre industrie.

Ainsi 8 % des gaz à effet de serre ne sont plus dégagés en France mais en. Chine, Corée, etc. Et dans ces pays, il n’y a pas que du CO2 mais aussi, bien d’autres pollutions tolérées là-bas, qui ne le seraient pas ici.

3. Des solutions conflictuelles sont possibles ou même souhaitables en notre bonne vieille démocratie française :

  • Comme des actions juridiques de contestation de l’arrêté préfectoral qui, pendant le temps des procédures plus ou moins longues, mettent la pression sur ALTEO menacée à terme de suspendre son activité, à moins que la dépollution ne soit mise en place.
  • Comme les manifestations contre la poursuite des rejets en mer de métaux lourds, pour que la colère contraigne les décideurs. On a bien noté que les ministres d’État se contredisent, ne faut-il pas profiter de l’aubaine.

En conséquence, si aucun dialogue n’est mis en place ; si aucun planning de progrès pour la dépollution du rejet toxique n’est élaboré soyons assurés que la décision préfectorale sera de plus en plus contestée et désastreuse pour l’environnement et la démocratie.

Conclusion :

Il est temps de décider que faire, en intégrant l’écologie et les citoyens, pour l’équilibre durable des hommes dans leur environnement socio-économique.
Les associations de défense de l’environnement nationales et régionales vont avoir à se prononcer à très court terme. Le délai de recours contre l’arrêté préfectoral sera échu le 27 février prochain.

Voir dossier proposé par l’UNION CALANQUES LITTORAL : Rejets Alteola démocratie bafouée

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